À la Une: le ton monte entre Abidjan et Bamako

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L’affaire des 46 soldats ivoiriens retenus au Mali continue d’empoisonner les relations entre les deux pays. Bamako les a inculpés pour tentative d’atteinte à la sureté de l’État et les a emprisonnés. Abidjan affirme que ses soldats étaient déployés en appui à des contingents de la Minusma et qu’ils ne sont en rien des mercenaires…

Presque trois mois de bras-de-fer et la situation ne s’arrange pas…

« Abidjan hausse le ton, une réunion des chefs d’État de la Cédéao en vue », titre LInfodrome à Abidjan. « La Côte d’Ivoire ne se pliera pas aux exigences de la junte militaire au pouvoir au Mali, s’exclame le site d’information ivoirien, la junte malienne qui conditionne la libération des militaires ivoiriens détenus à Bamako à l’extradition de personnalités politiques réfugiées à Abidjan. (…) Pour les autorités ivoiriennes, poursuit l’Infodrome, le fait que la partie malienne réclame l’extradition de Karim Keïta, le fils de l’ancien président, Boubou Cissé, ex-Premier ministre, ou encore Tiéman Hubert Coulibaly, ancien ministre de la Défense, comme monnaie d’échange à la libération des soldats ivoiriens, confirme, une fois de plus, le fait que nos soldats « ne sont pas des mercenaires mais plutôt des otages ». Le Conseil national de sécurité considère ce chantage comme inacceptable, donc, exige la libération sans délai des 46 soldats, et remarque enfin que les derniers développements de cette crise ivoiro-malienne sont de nature à porter atteinte à la paix et à la sécurité dans la sous-région. »

De plus, pointe encore L’Infodrome, « la Côte d’Ivoire va saisir la Cédéao en vue d’une réunion extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement, et ce, dans les meilleurs délais. »

Un sale tour pour le Mali ?

Autre ton, autre point de vue dans la presse malienne… Le National à Bamako s’alarme : « le dossier des mercenaires, écrit-il, fera-t-il l’objet de négociations diplomatico-humanitaires qui finiront par jouer un sale tour au Mali ? Les autorités de la Transition ne sont-elles pas en train de se laisser prendre aux sentiments sournois ? La justice malienne va-t-elle se faire hara-kiri dans l’affaire ? (…) Beaucoup estiment que si les mercenaires (ivoiriens), arrêtés juste à temps, n’ont pas d’état d’âme, leur commanditaire, le président ivoirien Alassane Dramane Ouattara est davantage déterminé dans sa mauvaise foi contre le Mali. Il faut donc être vigilant. »

Une intervention de l’ONU ?

Alors quelle peut être l’issue de cette crise ? « Le 29 juillet, rappelle Jeune Afriqueun premier round de négociations ivoiro-malien s’est déroulé à Lomé sous la houlette du président togolais, Faure Gnassingbé. Une tentative qui n’a pas permis de trouver une issue favorable à cette crise. De nombreuses personnalités politiques, religieuses et des affaires de la sous-région s’activent dans ce dossier pour jouer les médiateurs. » Sans résultats pour le moment.

Petit espoir d’éclaircie, avanceJeune Afrique : « le chef de l’État ivoirien s’est entretenu par téléphone le 7 septembre dernier avec le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, dont il est proche. Ce dernier lui a répondu qu’il allait s’impliquer personnellement dans la résolution de cette crise, et ce, dans les meilleurs délais. Les Nations unies devraient donc demander la libération des soldats avant l’ouverture, le 20 septembre à New York, des débats de l’Assemblée générale. Cette requête sera directement adressée au chef de la junte, Assimi Goïta. »

Marchandage…

En tout cas, on est entré dans « un nouvel épisode de la saga du dossier des « 49 militaires ivoiriens » », pointe le quotidien Aujourd’hui au Burkina Faso. Finalement, affirme-t-il, « le Mali accrédite la thèse qu’il en veut à Abidjan et qu’il profite de l’affaire de ces militaires pour assouvir sa vengeance. (…) Les masques sont tombés, car on a quitté totalement le processus dans lequel s’étaient inscrits le médiateur Faure et tous les autres qui jouaient les bons offices. Maintenant, on semble être entré dans l’univers du marchandage quasiment d’arrière-boutique. L’extradition des proscrits maliens contre ces 46 militaires revient tout simplement à mettre entre parenthèse les négociations en cours. » Alors, s’interrogeAujourd’hui, « la diplomatie est-elle encore opérante à ce stade de l’affaire ? Pourquoi Bamako, qui semblait avoir accepté le process du médiateur, a-t-il tourné casaque ? À quoi rime ce mélange de genre entre deux affaires qui n’ont rien à voir l’une avec l’autre ? »

Source: RFI

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