Administration militaire au Mali: Au moins 44 milliards de primes de soldats détournés

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Un autre scandale en perspective

Cette dénonciation de l’Association malienne contre la corruption et la délinquance financière (Amlcdf) auprès du procureur de la République près le Tribunal de grande instance de la Commune III, chargé du Pôle économique et financier, risque de révéler un autre grand scandale financier de l’ère ibékaénne.

Dans une correspondance en date du 11 mai 2020, l’Amlcdf présidée par Moussa Ousmane Touré, attire l’attention du procureur Mamoudou Kassogué que depuis très longtemps des cas de fausses primes allouées à certains militaires, des primes non versées ou dont une part importante a été amputée ont été signalés à leur association. Il a fourni les bulletins de certains d’entre eux qui font apparaître, comme il l’a si bien dit dans sa correspondance, des bizarreries au niveau des rubriques « Fonction » et « autres primes », avec des différences qui vont de 15 000 à 90 000 FCFA ; de 2 500 à 97 105 F CFA.

VOIR+: Mali [enquête]: La LOPM, une escroquerie qui portent sur 44 milliards FCFA

Lesdits soldats que « Le Sphinx » a contactés nous ont dit que ceux qui sont chargés de payer leur solde n’arrivent pas à leur expliquer comment on peut écrire 90 000 FCFA comme prime de fonction, à laquelle ils n’ont pas droit, sur leur bulletin, et touché 0 FCFA ? Idem pour « autres primes » d’un montant de 2 500 FCFA qu’on paye à certains d’entre eux au lieu des 97 105 F CFA qui figurent bel et bien sur certains bulletins de paie.
Après une enquête de plusieurs mois, nos braves militaires ont découvert que certains responsables chargés de leur solde, communiquent des fausses informations au Trésor qui, naturellement établit, avec certainement des complicités internes, les bulletins en bonne et due forme selon les informations que lui sont communiquées. Une fois le montant global des salaires virés, ces derniers établissent des bulletins de paie qui n’ont à voir avec ce que le Trésor a réellement décaissé.
Toujours à la recherche de la bonne info, « Le Sphinx » est entré en contact avec Moussa Ousmane Touré qui lui a donné, avec leur permission, les coordonnées de certains de ces braves militaires. Et leurs témoignages sont terribles. Selon Goro (Il nous a donné l’autorisation de le citer, quitte à perdre son emploi, Ndlr), cela fait plusieurs années que des bulletins de salaires sont établis ainsi suivant informations données au Trésor.
Une fois l’argent viré dans les comptes de l’Armée, ils confectionnent d’autres bulletins de salaire minorés du surplus. Il arrive même qu’on leur donne des bulletins de salaires sir lesquels on peut lire, par exemple, sur la rubrique « fonction » une prime de 90 000 FCFA alors qu’on ne leur donne que 2 500 FCFA. Et même parfois, rien du tout !
Plus grave, comme on le peut constater sur certains bulletins sur lesquels « Le Sphinx » a mis ses grandes ailes, il arrive à nos voleurs de deniers publics de s’emmêler les pinceaux, comme on le voit sur un des bulletins de Sayon Keïta sur lequel, ils ont corrigé la partie « Fonction » en mettant zéro comme d’habitude, mais ils ont oublié de corriger le net à payer. En aucun cas, le grade et la catégorie de ce dernier ne lui permettent pas de toucher 327 000 FCFA. Le surplus a été, naturellement, défalqué par la mafia installée depuis longtemps dans la hiérarchie militaire. (Voir photos)
Le cas de Brahima D. Goro est assez loufoque, il a eu deux bulletins de salaire dans le mois d’octobre 2017. Sur le premier bulletin, le net à payer est de 199 585 FCFA et 291 985 FCFA sur le second soit une différence de 92 400 FCFA carottés au passage par la mafia militaire qui sévit au Mali depuis l’avènement d’Ibrahim Boubacar Kéïta à la magistrature suprême. Ces falsifications de bulletins concernent des dizaines de milliers de soldats.
Sur la partie « Fonction » des deux bulletins, il n’y a aucun problème. Le hic se trouve au niveau de « Autres primes » qui est de 2 500 FCFA, soit-dit en passant. Sur l’autre bulletin, on peut lire 97 105 FCFA. Comme le dit un adage bambara : « Chaque jour appartient au voleur, mais il y aura forcément un jour qui appartiendra à sa victime »
Selon nos informations, ils seraient des centaines d’officiers hauts placés qui sont mêlés dans ces détournements malodorants de deniers publics qui coûtent des centaines de millions chaque mois au Trésor public.
Il faut saluer la toute nouvelle décision du gouvernement de bancariser la solde de nos vaillants soldats ; bancarisation qui, malgré ce que soutiennent certains spin doctors tapis dans l’ombre, a entrainé des coupes dans la solde des soldats au mois d’avril dernier sans aucune explication au préalable comme ils l’ont signalé au « Sphinx » D’après une source qui a requis l’anonymat, lesdites retenues ont été faites pour améliorer la pension de nos bidasses.
Il nous revient également que le procureur Kassogué est décidé de faire toute la lumière sur ces cabrioles comptables. Il va sans doute demander aux agents du Trésor de lui fournir les fiches de paie réelles qui se trouvent à leur niveau.
Vivement un faisceau de lumière sur cet embrouillamini comptable mené de main de maître par une hiérarchie militaire corrompue jusqu’à la moelle épinière.

Adama Dramé
Le Sphinx

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8 commentaires
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  8. […] Les appels à manifester à Bamako pour exiger le départ des troupes françaises du Mali relèvent essentiellement du « populisme » pour qui connaît un tant soit peu la condition réelle des FAMa, lesquelles manquent de tout : de leadership ; de ressources humaines (un effectif de 20 000 soldats prévus par la loi de programmation militaire (2019) pour un territoire de 1 240 000 km2) ; de formation adéquate ; des matériels nécessaires et adaptés aux théâtres d’opérations ; et même d’eau et de nourriture. Autant de lacunes qui ont un effet négatif sur le moral des troupes déployées sur les théâtres d’opérations, et dont les primes ont longtemps été détournées par leur hiérarchie. […]

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