Raphael Obonyo : De la pauvreté aux cîmes du pouvoir

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Mon nom est Raphael Obonyo. Je viens du Kenya et j’ai grandi à Korogocho, le troisième plus grand bidonville de la capitale Nairobi, où la pauvreté est extrême.

J’étais le quatrième enfant d’une famille de neuf personnes et nous vivions dans une seule pièce avec nos parents. Mon père était cuisinier à l’Université de Nairobi. Il faisait tous les jours 10 kilomètres à pied pour aller au travail et subvenir aux besoins de notre famille nombreuse.

Dès mon plus jeune âge, j’ai su que l’éducation serait ma seule chance de sortir de la pauvreté et je prenais donc mes études au sérieux. À l’école, je me suis lié d’amitié avec le fils du professeur principal adjoint, qui est devenu mon camarade d’étude. Le professeur, Stephen Kariuki, nous achetait à tous deux des livres et d’autres fournitures scolaires.

Chez nous, il était impossible d’étudier ou de faire nos devoirs, car notre lampe en étain n’émettait pas assez de lumière. M. Kariuki m’a ouvert sa maison pour que je puisse venir étudier pendant le week-end. En classement scolaire, j’étais toujours premier de la classe et son fils deuxième, ou vice versa.

Aux examens du Certificat kényan d’enseignement primaire en 1995, j’ai fait partie des meilleurs élèves. Mon père n’ayant pas les moyens de m’envoyer au lycée, mes amis de l’église catholique SaintJohn à Korogocho ont organisé une collecte pour payer les frais d’inscription du premier trimestre au lycée Dagoretti.

Beaucoup de mes camarades de classe venaient de familles riches et importantes, contrairement à moi.

Au lycée, j’ai été confronté aux difficultés. J’ai souvent été renvoyé chez moi pour non-paiement des frais de scolarité. Les jours de visite, je regardais avec envie les autres étudiants qui recevaient leurs parents et des grands sacs à provisions remplis de victuailles et de cadeaux.

Pendant les vacances, je parcourais à pied les 10 km qui séparaient Korogocho de la McMillan Memorial Library en ville, aller et retour, pour y étudier. Malgré tous ces obstacles, j’ai eu des bonnes notes et j’ai été admis à l’Université de Nairobi.

Après mes études de premier cycle, j’ai travaillé pour la communauté à Korogocho, avant de décrocher une bourse du Programme de bourses internationales de la Fondation Ford pour faire une maîtrise en politiques publiques à l’Université de Duke aux États-Unis.

En 2012, j’ai été sélectionné pour siéger au Conseil consultatif de la jeunesse d’ONU Habitat. Plus tard, j’ai été nommé conseiller spécial. Mon profil a fait l’objet d’un scrutin global et a reçu le plus grand nombre de votes.

Le Conseil consultatif de la jeunesse d’ONU Habitat est composé de 16 jeunes venus du monde entier. Les membres du Conseil d’administration sont bénévoles et pendant deux ans, ils remplissent trois grand rôles: représenter les jeunes dans les forums au niveau local et international, conseiller les Nations Unies sur la façon d’impliquer les jeunes des villes dans l’urbanisation durable et développer et renforcer la participation et le plaidoyer des jeunes dans les initiatives développées par les jeunes.

Grâce à ce rôle au sein des Nations Unies, j’ai voyagé dans différents pays du monde, pris part à de nombreux forums et rencontré et partagé des podiums avec des présidents et d’autres dirigeants mondiaux.

Je siège actuellement aux conseils d’administration du Forum diplomatique mondial et du Conseil mondial de coordination de la Banque mondiale sur les jeunes et la lutte contre la corruption.

Je rends aussi à ma communauté ce qu’elle m’a donné. J’ai participé à divers projets de développement communautaire et d’aide à la jeunesse, notamment au Congrès des jeunes du Kenya et au Kenya Youth Media, qui ont formé de nombreux jeunes de Korogocho sur l’entrepreneuriat, le cinéma et le journalisme.

Je me suis toujours décrit comme un rêveur tourmenté. Mon ambition est de devenir un jour Secrétaire général des Nations Unies ou président de mon pays. Mais le plus important reste pour moi de continuer à faire de mon mieux, à tous les niveaux, d’être la meilleure personne possible et de changer les choses dans ce monde.

Ce n’est donc pas fini. Il reste beaucoup de travail.

Les jeunes d’Afrique ont besoin de possibilités. Ils représentent un dynamisme, un talent et une énergie qui doivent être exploités pour que le continent puisse réellement avancer.

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