Une toute première au FMI: Gita Gopinath, la première femme nommée à la tête de la recherche économique

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Pour la première fois de son histoire, le Fonds monétaire international a nommé une femme à la tête de sa recherche économique. Christine Lagarde, directrice générale du FMI, ne tarit pas d’éloges sur cette économiste indo-américaine au parcours brillant : Gita Gopinath succède à l’Américain Maurice Obstfeld.

Agée de 46 ans, Gita Gopinath arbore une silhouette longiligne, des yeux bruns des cheveux de jais et un large sourire. Elle vient de prendre ses fonctions le 1er janvier comme chef économiste du FMI. Sa directrice, Christine Lagarde, la décrit comme une économiste remarquable, avec une expérience internationale, faisant partie des économistes les plus talentueux dans le monde. Un avis que partage Emmanuelle Auriol, professeur à la Toulouse School of Economics : « C’est une économiste qui est aujourd’hui professeur à Harvard, elle n’a même pas 50 ans et elle a déjà un portefeuille de publications qui est absolument remarquable, plus de 40 publications dans des revues de premier plan, sur le plan académique c’est absolument absolument quelqu’un de contestable ».

Les taux de change sont sa spécialité

Gita Pinath est née et a grandi en Inde. Elle vient d’un milieu modeste. Indo-américaine, Gita Gopinath, qui a aujourd’hui la double nationalité, est née à Mysore, près de Calcutta, dans une famille d’agriculteurs du Kerala. Elle étudie l’économie à Delhi, puis part aux Etats-Unis, où elle obtient un master de l’Université de Washington. Elle intègre, ensuite, la prestigieuse Université de Princeton d’où elle ressort avec un doctorat en macroéconomie internationale. Ses superviseurs s’appellent Kenneth Rogoff, futur chef économiste du FMI, et Ben Bernanke qui deviendra par la suite patron de la Fed. Diplômes en poche, Gita Gopinath devient professeur à l’Université de Chicago, et quatre ans plus tard à Harvard où elle enseigne toujours.

Gita Gopinath s’est surtout fait connaître pour ses travaux sur les taux de change. Ses recherches portent sur la finance internationale et la macroéconomie. Elle expliquera plus tard que la crise monétaire et le déficit commercial qui ont frappé l’Inde entre 1990 et 1991 ont suscité son intérêt pour l’économie. Elle s’est spécialisée dans les marchés de capitaux et les marchés des changes. Une spécialité qui colle aux problématiques du FMI. Mais au-delà de son expertise, elle possède une autre corde à son arc. Gita Gopinath est réputée très bonne communicante. Stéphanie Villers économiste spécialiste de l’OCDE : « Quand on parle des problématiques de change, de devise, ça devient rapidement abscons, or elle, elle est capable d’adresser un message audible, elle est pédagogue, et elle est assez clairvoyante en plus dans ses analyses, donc elle a tout pour plaire ».

Elle plaît tellement que le gouvernement indien fait appel à ses services en 2016. Gita Gopinath accepte le poste de conseillère financière auprès du ministre en chef du Kerala, le communiste Pinarayi Vijayan. Une décision qui provoque l’étonnement, car les positions économiques de Gita Gopinath sont clairement libérales.

2018 aura été l’année des nominations des femmes économistes. Trois femmes ont été nommées au poste de chef économiste dans les trois plus grandes institutions internationales. La Banque mondiale a choisi la Greco-américaine Pinelopi Koujianou Goldberg, l’OCDE, l’Organisation de coopération et de développement économiques a nommé la Française Laurence Boone et le FMI Gita Gopinath, sans oublier la Française Natacha Valla au poste de numéro 2 de la politique monétaire de la zone euro. Pour Stéphanie Villers, ces nominations signent la fin du plafond de verre : « Ces quatre femmes-là nous donnent un signal ultra positif, c’est possible voilà. Un économiste femme peut atteindre des postes à forte responsabilité ».

La double culture de Gita Gopinath, ses recherches sur les taux de change dans les pays émergents et son attachement à l’Inde sont autant d’atouts pour les économies en développement.

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