Sur les terres rouges du cercle de Kéniéba, au sud-ouest du Mali, se déploie la mine de Fékola une silhouette imposante dans le paysage, mais surtout un symbole d’un tournant décisif pour l’industrie aurifère nationale. Ici, l’or ne se cherche plus à la main, dans l’ombre et l’incertitude : il se travaille, s’extrait, s’organise. Fékola incarne ce que l’on appelle désormais le minier moderne.
Dans cette mine exploitée par une société internationale, les habitudes ancestrales cèdent la place à une exploitation structurée, réglementée et plus humaine. Le changement est profond, et il se lit dans les visages de celles et ceux qui y travaillent.
Comme Amadou, ancien orpailleur au parcours incertain, aujourd’hui technicien de maintenance respecté. « Je vivais au jour le jour, sans assurance, sans sécurité. Aujourd’hui, j’ai un salaire fixe, un contrat, et je vois enfin un futur devant moi », confie-t-il, casque vissé sur la tête, sourire discret au coin des lèvres.
Ce n’est pas seulement un travail qu’Amadou et ses collègues trouvent à Fékola, c’est une reconstruction de leur quotidien. Des formations continues leur permettent de monter en compétence. Les règles de sécurité les protègent. Certains disposent même de logements modernes à proximité. Et surtout, ils bénéficient d’une stabilité rare dans un secteur longtemps précaire.
L’impact va au-delà du site minier. Ce nouveau modèle transforme des familles entières : accès aux soins, scolarisation des enfants, projets personnels qui naissent. L’ouvrier devient pilier, acteur, bâtisseur d’un avenir qu’il pensait inatteignable.
Fékola n’est pas sans défauts, et le chemin vers une exploitation pleinement durable reste long. Mais ici, au cœur de la poussière et du métal, on entrevoit ce que peut être un secteur minier repensé : plus juste, plus équitable, et profondément humain.
Parce qu’à Fékola, on n’extrait pas seulement de l’or. On révèle aussi des vies.
Par Tidiane Bamadio