BAMAKO : L’irrigation solaire au Mali un business rentable pour les producteurs et les prestataires de services avec l’accompagnement des institutions financières

BAMAKO : L’irrigation solaire au Mali un business rentable pour les producteurs et les prestataires de services avec l’accompagnement des institutions financières


Les 12 et 13 août 2025, l’Azalaï Grand Hôtel de Bamako a accueilli un atelier consacré à l’avenir du financement de l’agriculture maraichère en Afrique de l’Ouest. Portée par les programmes Sun4Water et AgroFinance de la GIZ, cette rencontre visait à valider 18 modèles économiques innovants d’irrigation solaire, alliant rentabilité, stabilité durabilité et respect de l’environnement.

Durant deux jours, experts, praticiens, formateurs, financiers et décideurs se sont réunis pour examiner les résultats d’un long travail de terrain mené dans plusieurs zones agroécologiques du Mali. L’objectif central : apprécier et valider 18 modèles économiques de production irriguée autour de quatre filières maraîchères gombo, oignon, piment, tomate et d’une filière technologique axée sur l’irrigation solaire à petite échelle (SPIS). Ces modèles visent à renforcer la résilience des exploitations agricoles familiales face aux défis climatiques, tout en assurant une meilleure efficience de l’usage de l’eau et de l’énergie.

En effet, selon Monsieur Bagayoko Souleymane de la Direction Nationale de l’Agriculture « la maitrise de l’eau est un enjeu majeur pour l’agriculture au Mali et particulièrement pour les filières maraichères ». En dépit des mécanismes gouvernementaux d’appui tels que les programmes de vulgarisation, d’encadrement de la production ou d’aménagement des terres, les filières maraichères tardent à trouver leur essor au Mali du fait d’un manque de structuration et de financements insuffisants, inadéquats et mal connus.

Cet atelier qui a rassemblé une soixantaine de participants venant de six (06) régions du Mali (Mopti, Kayes, Sikasso, Koulikoro, Bamako, Ségou) a tablé sur la pertinence des modèles commerciaux sélectionnés et les fiches technico-économiques exposés par le cabinet malien CEFIM recruté par la GIZ pour cette mission. Ces modèles ont été développés à partir de parcelles pilotes de petite taille, souvent comprises entre 0,25 et 0,50 hectare avec des scénarii existants et des scénarii améliorés analysé avec l’outil d’analyse des modèles économiques conçu, piloté et diffusé par le programme AgroFinance.

Selon Lako Mbouendeu Stéphane, Coordonnateur régional du programme Sun4Water pour l’Afrique de l’Ouest, cette approche permet une meilleure compréhension des réalités du terrain, car l’essentiel des productions maraichères sur les filières gombo, piment, tomate et oignon au Mali sont sur des superficies globalement inférieures à 1 hectare en exploitation individuelle et 5 hectares en exploitation communautaire. De même les fournisseurs d’équipements et de services techniques sur l’irrigation solaire (vente de matériel, les études de faisabilité, les installations techniques et le conseil) constituent une niche encore faiblement développée au Mali

Aussi, un échantillonnage rigoureux stratifié par filière et technologie d’irrigation, couvrant trois zones Kayes, Koulikoro et Bamako, a permis de capturer les principaux modèles de production et de commercialisation indiquant les charges fixes, les charges variables et les marges produites par les divers modèles sélectionnés selon deux scénarios : un scénario « existant » et un scénario « amélioré », intégrant de meilleures pratiques agricoles.

Les résultats montrent des marges d’amélioration significatives, tant sur la productivité, la rentabilité que la sensibilité des modèles de production. Des conclusions qui ont aiguisé l’intérêt des institutions financières présentes (Kafo Jiguinew, Nyesiguiso, Baobab, BNDA, Soro Yiriwaso, Benso Jamanun) et des projets d’appui au financement (FACEJ, Go-Green, ATI) qui ont pitchés leurs offres de services et noués des contacts avec les producteurs et les PMEs présents à l’atelier

Les améliorations portent en effet sur : le semis optimisé, le choix de semences performantes, l’utilisation de systèmes d’irrigation plus efficaces et plus adéquats, un meilleur post récolte et un marketing agressif garantissant des contrats d’achat avant production…

Selon Mme Colette Ouedraogo du World Vegetable Center, « La formation est essentielle pour une adoption réussie de l’irrigation solaire. Les producteurs doivent comprendre non seulement les aspects techniques, mais aussi économiques et environnementaux. »

Les experts ont rappelé que les modèles économiques sur l’irrigation solaire appréciés et validés au cours de l’atelier ne sont pas prescriptifs, mais bien adaptables et évolutifs, en fonction des contextes locaux. Il revient donc aux utilisateurs (producteurs, techniciens, institutions financières, offices, structures de l’état) d’ajuster lesdits modèles selon les réalités propres et les objectifs de performance recherchés.

Pour M. Bourama Guindo, représentant du Centre de Formation CFASPAM, « Il faut professionnaliser la chaîne de valeur. Cela passe par la structuration des producteurs, la certification des équipements, la qualité du service technique, et surtout, une formation adaptée au contexte local. »

Globalement, pour les participants, au-delà des améliorations à la parcelle des évolutions structurelles sont nécessaires. Notamment la structuration de la filière maraîchère, la promotion par toutes les parties prenantes de l’agriculture contractuelle, l’implication des structures locales de développement dans les stratégies de financement durable de l’irrigation, la certification et le contrôle qualité des matériels et équipements de l’irrigation solaire, et l’accélération de la mise en place de l’association des professionnels de l’irrigation solaire au Mali (APIS).

En outre, il a été jugé important que l’information et la compréhension de l’irrigation solaire soit partagé de tous les acteurs. En ce sens le programme Sun4Water a formé en Octobre 2024 les acteurs sur le financement privé de l’irrigation solaire et a mis en ligne une plateforme d’information et d’aide à la décision sur l’irrigation solaire dont elle a partagé le lien (https://spis-toolbox.org/fr/ ) avec tous les participants en les exhortant à le diffuser auprès de tous les autres acteurs.

Cet atelier pose les jalons d’une agriculture irriguée plus durable, rentable et adaptée aux réalités du changement climatique et aux besoins réels des producteurs et des prestataires de service sur l’irrigation solaire au Mali.

Tidiane Bamadio

Journaliste Reporter

 

vous pourriez aussi aimer
Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.