Filière bétail-viande : la FAO appuie la relance pastorale à Kayes

Filière bétail-viande : la FAO appuie la relance pastorale à Kayes

La FAO, avec un financement de 600 000 euros du Royaume d’Espagne, a lancé le 30 juillet 2025, dans les locaux de la DFM du ministère de l’Agriculture, un ambitieux programme de modernisation de la chaîne de valeur bétail/viande.

Objectif professionnaliser les acteurs, créer des emplois, booster les exportations et garantir la sécurité alimentaire.

La région de Kayes devient un laboratoire de modernisation de la filière bétail/viande au Mali. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) y a officiellement lancé un projet structurant de 600 000 euros (près de 393 millions de francs CFA), financé par le Royaume d’Espagne à travers l’Agence espagnole pour la coopération internationale au développement (AECID).

Le projet, intitulé « Appui à l’amélioration de la chaîne de valeur bétail/viande dans la région de Kayes », s’étend sur deux ans (2025-2027) et vise à transformer en profondeur un secteur porteur, mais encore sous-exploité.

Présent à la cérémonie de lancement, le ministre délégué chargé de l’Élevage et de la Pêche, Youba Ba, a salué une initiative pour l’avenir du secteur : « Ce projet ambitieux, financé par le Royaume d’Espagne et mis en œuvre par la FAO, témoigne de l’engagement fort de nos partenaires à accompagner le Mali sur la voie de la sécurité alimentaire et du développement durable. »

Le programme s’attaque à toute la chaîne de valeur : production, abattage, transformation, commercialisation, avec une attention particulière à l’entrepreneuriat rural, à la création d’emplois pour les jeunes et les femmes, et à l’amélioration de la qualité sanitaire des produits. « Il s’agit de professionnaliser les acteurs, de leur ouvrir les marchés, d’améliorer la rentabilité de la filière et de renforcer la résilience des communautés pastorales », a précisé le ministre.

Avec près de 80 millions de têtes de bétail, le Mali détient le plus grand cheptel d’Afrique de l’Ouest. Pourtant, la filière reste freinée par l’obsolescence des infrastructures, une faible valorisation des produits carnés et un manque d’organisation des acteurs.

Abdoul Karim Bah, chef de Bureau de la FAO au Mali, a détaillé les objectifs et les défis à relever : « L’élevage représente plus de 15 % du PIB national et constitue le troisième poste d’exportation après l’or et le coton. La filière bétail/viande possède un potentiel immense pour satisfaire la demande nationale et conquérir les marchés régionaux et internationaux. »

Mais ce potentiel est sous pression , « Les contraintes sont nombreuses : infrastructures inadaptées, insuffisance des compétences techniques, normes sanitaires insuffisantes. Ce projet est une réponse ciblée pour améliorer durablement cette filière, de l’éleveur au consommateur. »

La FAO entend intervenir à plusieurs niveaux : formation des acteurs, réhabilitation d’abattoirs, structuration des coopératives, renforcement des normes sanitaires, et facilitation de l’accès aux marchés régionaux et internationaux. « Avec l’appui de l’AECID et en étroite collaboration avec le ministère de l’Élevage, ce projet contribuera à améliorer les revenus, à sécuriser l’alimentation et à stimuler les exportations », a souligné M. Bah.

Ce programme de la FAO s’inscrit dans une vision à long terme, articulée autour de la Vision 2063 de l’Union africaine et du Cadre stratégique pour l’émergence du Mali (CSEN 2024-2033). « Notre approche repose sur la durabilité, l’inclusivité, le développement des compétences et la modernisation des infrastructures. Ces piliers sont essentiels pour bâtir un avenir plus résilient et productif pour la filière », a insisté M. Bah.

Conscient de l’ampleur du défi, le ministre Youba Ba a invité tous les acteurs à s’approprier cette initiative : « Travaillons ensemble à faire de ce projet un modèle de transformation réussie. Son succès dépendra de l’engagement des collectivités, des services techniques, des éleveurs, des commerçants, des bouchers et des transformateurs. »

La région de Kayes, frontalière du Sénégal et de la Mauritanie, est une zone stratégique pour l’élevage, avec ses vastes pâturages, ses marchés transfrontaliers et son important cheptel. Pour le gouverneur de la région, le Général de Brigade Moussa Soumaré, ce projet représente une opportunité historique : « Nous saluons cette initiative qui vient renforcer notre vocation naturelle. Kayes a toujours été une terre d’élevage. Avec ce programme, nous avons une chance de passer à une échelle industrielle et compétitive. »

 

Au-delà des aspects économiques, la dimension sociale et climatique du projet est fortement soulignée. L’objectif est aussi de réduire l’exode rural, d’atténuer les tensions entre agriculteurs et éleveurs, et de renforcer la paix dans les zones pastorales. « Ce projet est un outil important pour la sécurité alimentaire, la nutrition, la résilience climatique et le développement social. Il est une réponse globale à des défis multiples », a résumé le chef de division de la FAO au Mali.

Tidiane Bamadio

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