Protection des personnes vulnérables : 60 ans de l’humanité en marche avec la Croix-Rouge au Mali

À Koro, dans la région de Bandiagara, Amadou Diallo n’oubliera jamais la saison où la sécheresse a brûlé ses récoltes. Ses greniers étaient vides, ses bœufs faméliques, et l’avenir semblait scellé. Puis la Croix-Rouge est arrivée, avec des semences, des outils et un accompagnement. « Quand nos champs ont été détruits, je pensais que tout était perdu. Les semences reçues nous ont sauvés. Aujourd’hui, mes enfants mangent à leur faim », confie-t-il, la voix pleine de gratitude.

Comme Amadou, près d’un demi-million de Maliens ont bénéficié en 2024 d’un soutien agricole et pastoral. Derrière chaque chiffre, il y a un visage, une histoire, une dignité retrouvée.

« Des soins qui redonnent la vie »

À l’hôpital régional de Mopti, une adolescente blessée par balle lors d’affrontements armés réapprend à marcher. Grâce à l’appareillage orthopédique pris en charge par le CICR, elle retrouve l’espoir de retourner à l’école. « Quand j’ai vu ma fille se lever pour faire ses premiers pas, j’ai senti que Dieu m’avait rendue ma joie », témoigne sa mère, émue aux larmes.

En 2024, 1 246 patients ont été appareillés dans les centres spécialisés de Bamako, Gao, Mopti et Tombouctou. Plus de 15 000 consultations médicales ont aussi été assurées.

« Les voix qui réunissent les familles »

Pour Mariam, déplacée à Ménaka depuis deux ans, le téléphone devient un fil de vie. « Je croyais que mon frère à Kidal était mort. Quand j’ai entendu sa voix grâce à la Croix-Rouge, j’ai éclaté en sanglots. Ce jour-là, j’ai retrouvé une partie de moi-même », raconte-t-elle.

En 2024, près de 19 000 appels et 431 messages Croix-Rouge ont permis de reconnecter des familles séparées par la guerre. Douze familles ont même été réunifiées physiquement. Autant de retrouvailles qui réparent les blessures invisibles des conflits.

« Derrière les murs des prisons »

L’action humanitaire ne s’arrête pas aux frontières des villages. Dans 16 lieux de détention visités en 2024, les équipes de la Croix-Rouge ont apporté couvertures, kits d’hygiène et un peu d’humanité à ceux que la société oublie. « Un prisonnier reste un être humain. Nos visites rappellent cette vérité essentielle », souligne Nouhoum Maïga, Secrétaire général de l’organisation.

« Entre espoir et défis »

Les obstacles sont nombreux : l’insécurité, les routes minées, la baisse des financements. « Nos mouvements sont souvent limités par les drones ou les engins explosifs improvisés », admet Emmanuel Lippolis, Chef des programmes du CICR au Mali. En 2025, seuls 40 % du budget prévu ont été mobilisés. Mais la volonté demeure intacte. « Nos zones d’intervention changent avec le contexte, mais notre mission est de rester aux côtés des plus vulnérables », insiste Nouhoum Maïga.

« 60 ans d’humanité en marche »

Soixante ans après sa création, la Croix-Rouge malienne est plus qu’une institution elle est un souffle d’humanité. Un forage qui jaillit dans un village assoiffé, une prothèse qui rend la marche, une voix retrouvée après des années de silence. « La vraie victoire, c’est de redonner confiance aux gens dans leur avenir », conclut Maïga.

Tidiane Bamadio

Cet article a été produit dans le cadre du concours organisé pour les 60 ans d’action humanitaire de la Croix-Rouge malienne.