L’Observatoire National des Villes (ONAV) a publié son rapport intitulé « ONAV 2024 », un document de 42 pages, le jeudi dernier. Ce rapport présente une base de données riche, regroupant une trentaine d’indicateurs répartis sur neuf secteurs clés : urbanisme, foncier, eau et assainissement, électricité et énergie, développement économique, emploi urbain, sécurité urbaine, éducation et infrastructures routières.
Le rapport dresse un état des lieux détaillé du secteur urbain au Mali, mettant en lumière les points d’entrée les plus prometteurs pour un soutien futur au développement urbain et municipal. Parmi les 31 indicateurs analysés, le secteur de l’éducation se distingue par un niveau d’instruction préoccupant. En effet, le rapport révèle que plus de 57,7 % de la population n’a aucun niveau d’instruction, tandis qu’un tiers de la population n’a pas dépassé le niveau primaire.
Le District de Bamako se démarque comme la seule région où près de la moitié de la population possède un niveau d’instruction primaire (49,6 %). Toutefois, près d’un tiers des habitants (29,2 %) de la capitale est non instruit, et seulement 14,3 % ont atteint le niveau secondaire. Bamako est également la région où 6,9 % de la population a accédé au niveau supérieur. La région de Koulikoro suit, avec 2,2 % d’admis au supérieur et 6,7 % ayant atteint le niveau secondaire.
Les régions affichant les niveaux d’instruction les plus bas sont Ménaka, où plus de 80,3 % de la population est non instruite, suivie de Tombouctou et Taoudenni. Kidal enregistre également des niveaux alarmants, avec plus de 71,1 % de non instruits.
L’année 2023 a mis en évidence des insuffisances dans la réalisation de plusieurs indicateurs urbains. En effet, l’élaboration des Schémas Directeurs d’Urbanisme (SDU) et des Plans Urbains de Système (PUS) n’a atteint aucun pourcentage (0 %), tout comme la révision de ces outils et la réalisation de stations d’épuration des eaux usées. Malgré les efforts du gouvernement pour doter les villes d’outils de planification, aucun outil de planification urbaine n’a été élaboré cette année, en raison d’un manque de ressources financières.
L’urbanisation rapide du Mali, estimée à 30,3 %, pose de sérieuses problématiques, telles que l’insuffisance des infrastructures, une urbanisation anarchique, une paupérisation croissante et un accès limité aux services sociaux de base, en particulier en matière de logement.
Le rapport propose plusieurs recommandations pour améliorer l’équilibre entre les villes et les campagnes. Parmi celles-ci, il est suggéré d’impliquer davantage les points focaux dans la collecte des données, de diligenter la fourniture des données à l’ONAV, de mettre un accent particulier sur la planification urbaine, de plaider pour une augmentation du budget alloué aux études de planification urbaine et de mobiliser les collectivités territoriales avec l’appui de leurs partenaires financiers pour l’élaboration des outils nécessaires à la planification urbaine.
Tidiane Bamadio