La prolifération des stations d’essence à Bamako, un danger pour les riverains !

De Sénou Terminus à la Tour de l’Afrique, les points de vente de carburant « illégaux » sont de plus en plus nombreux. La pratique a lieu à ciel ouvert, mais c’est une menace pour la population.

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« Je ne me pose même plus la question de savoir pourquoi les gens prennent le risque d’installer leurs stations-services au bord du goudron », avoue Adama Traoré, un habitant du quartier, « Ces stations-services sont si nombreuses à Sénou que certains commerçants envisagent de quitter la zone avant qu’il ne soit trop tard », constate un autre témoin, du nom de Moussa Touré.

Différentes personnes interrogées soulignent que l’installation d’un point de vente de carburant doit respecter certaines mesures de préservation de l’environnement et surtout de protection des riverains. « La vente de carburant nécessite des dispositions particulières. C’est pour cela que nous demandons aux décideurs de prendre cette situation au sérieux » plaide-t-on dans la zone.

Constat identique à Kalaban-Coro, où l’on dénombre plus de 20 stations-services à l’entrée de Kabala. Amadou poussait sa moto au bord de la route, nous l’arrêtons pour lui demander ce qu’il en pense : « Nous sommes inquiets ici, nous assistons chaque jour à l’installation de nouvelles stations-services. C’est vraiment désolant, ces installations anarchiques. En cas d’incendie, ça pourrait causer des dégâts. »

De Kalankoro à Torokorobougou, nombre de stations présentent un caractère anarchique et dangereux. C’est ce qu’estime, lui aussi, Daouda Coulibaly. « Les abords de nos routes sont investis du jour au lendemain pour y implanter des stations-services, malgré le danger pour ceux qui vivent à proximité » » regrette-t-il.

Le chargé des affaires foncières et 2e adjoint au maire de la Commune VI connait le sujet. Baba Sanou signale que certaines stations, illégalement installées, sont souvent la cause d’accidents de la route. « Ces stations sont implantées alors que nous n’avons aucune trace d’une demande d’installation de leur part. La Commune VI considère donc que toutes ces stations sont installées de façon illégale ». Lors de la réhabilitation de Sénou, rappelle Baba Sanou, l’emprise de la route nationale a été bien définie : « Nous avons procédé à la démolition de maisons d’habitation pour faire de la place à la route et créer une emprise près de 60 mètres. La route nationale qui traverse Sénou a, en effet, vocation à devenir une autoroute de deux fois deux voies. C’est pourquoi la population a accepté de dégager les abords immédiats de la route pour nous permettre d’effectuer les démolitions ».  Aujourd’hui, la mairie n’a donc aucune raison de laisser s’installer des stations illégales, souligne l’édile.

Devra-t-on attendre un drame pour que la question soit prise en compte ? Nos interlocuteurs en appellent à la Transition et à sa volonté de refondation.

Tidiane Bamadio

 

Que dit la règlementation ?

Kon Diarra est promoteur d’une station-service à Sénou. Lui déclare être en règle. L’homme brandit un certificat de conformité aux règlements de sécurité-incendie, délivré par la protection civile.

Car la législation malienne réglemente la vente de carburant aux abords de la voie publique. L’arrête interministériel N°15-60 du 19 mai 1990, fixant les règles d’implantation, d’aménagement et d’exploitation des points de vente de carburant, déroule ainsi une réglementation détaillée de cette activité. Le texte distingue des points de vente de produits pétroliers et dérivés d’une capacité comprise entre 500 litres et 5 000 litres, considérés comme ‘’postes temporaires de stockage d’hydrocarbures non classifiés’’. On prévoit des postes fixes et des postes mobiles : les premiers sont des installations de distribution de carburant constituées par une cuve souterraine équipée d’une pompe distributrice à main ou un appareil distributeur monté sur socle et équipé d’un réservoir interne.

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