Litige foncier à Kati: Quand le Colonel Major Samaké fait sa loi et détruit tout sur son passage

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Depuis plus d’un an, un litige foncier oppose le Colonel Major Harouna Samaké à Boubacar Diarra, un expatrié malien vivant en Allemagne. En dépit d’une décision de justice, censée résoudre le problème, les tensions se sont ravivées sur le terrain, ces dernières semaines, suite à des travaux entamés par chacun des deux protagonistes. De quoi s’agit-il?

Les parcelles querellées se trouvent dans la Commune Rurale de Bossofala, parcellement de Koulikoroni. D’une superficie totale de 26 ha 20 a 01 ca, les parcelles ont été achetées, depuis 2009, par Boubacar Diarra qui les a ensuite réparties entre les membres de sa famille dont Cheick Oumar Diarra et Mme Haby Diarra. Sur ces terres rocailleuses, l’expatrié a voulu créer une végétation. Il engage donc un expert en jardinage qui lui conseille, la plantation des eucalyptus, connus pour résister aux zones difficiles.

En cette saison hivernale, comme un éléphant dans un champ de porcelaines, le Colonel Major Harouna Samaké, Chef d’Etat-major Adjoint de l’Armée de Terre (titre mentionné dans l’Ordonnance des référés du Tribunal de Kati du 19 juin 2018), a fait détruire, par ses hommes de main, tous les pieds eucalyptus sur une superficie d’au moins d’un hectare et demi. Espace que le Colonel réclame comme étant sa propriété acquise auprès des «autorités coutumières légitimes» du village  de Koulikoroni. Cette situation intervient, en dépit, d’une décision de justice pour «cessation de troubles» du Tribunal de Grande Instance de Kati.

pied d’eucalyptus arraché

En effet, dans sa décision n°164, le tribunal, au nom du peuple malien, décrète : «nous juges des référés, ordonnons à Harouna Samaké, l’arrêt immédiat de tous les travaux sur les parcelles querellées sous astreinte de 500 000 FCFA par de retard». En dépit, de cette décision de justice, le constat d’huissier, datant seulement du 22 juillet 2019, est sans appel: «Nous avons constaté à l’intérieur des parcelles des requérants: des labours dans les parcelles, des petits pieds d’eucalyptus déracinés et détruits; des pylônes de délimitations enlevées»,rapporte l’Huissier-commissaire de justice Me Moctar Diallo. Au total, plus de 1 200 pieds d’eucalyptus, fruits de journées de bornage, de piquage et de repiquage, emportés par la fureur des hommes du Colonel.

C’est une décision de justice‘’arrangée’’

Dans le souci d’équilibrer nos informations, nous avons contacté l’homme de main du Colonel major Samaké dont le nom figure sur les actes notariés à notre possession. Maliweb.net  a eu un échange téléphonique avec le dénommé «Diawara», celui-là même qui s’était donné le titre de «représentant»de l’Officier supérieur, lors du jugement du tribunal de Kati. Aux dires de Diawara, le juge qui a pris la décision «ne connaît pas la loi». Car, au moment du jugement, le Colonel était «au front». Un colonel ne peut pas laisser le front pour venir parler de parcelles, défend-il, en précisant que le juge a refusé de le laisser parler au nom du Colonel. Pour lui, il est clair que le Colonel ne peut se soumettre à cette décision de justice ‘’arrangée’’.

Qui est le premier acquéreur des parcelles querellées?A cette question, Diawara se montre peu loquace. Il finira par avouer, après plusieurs relances, que l’attestation de vente de l’expatrié Boubacar Diarra est plus ancienne que celle du Colonel, sans vouloir nous préciser leur date exacte d’acquisition des parcelles.Qu’à cela ne tienne, notre interlocuteur estime que son protégé est l’acquéreur légal des parcelles, car ces documents ont été officiellement signés par le chef du village Koulikoroni. Inversement aux dires de Diawara, la décision du tribunal de Kati indique que le Colonel et son conseil Me Barry n’ont apporté «aucun document» attestant la propreté des parcelles querellées contrairement aux plaignants. Nous avons donc demandé à Diawara de bien vouloir nous envoyer une photo des documents (attestation de vente, permis ou lettre d’attribution) et/ou le numéro de téléphone de Me Barry. Depuis, le 08 août 2019, date à laquelle a lieu notre conversation, nous continuons d’attendre les documents demandés.

Exacerbé par les agissements du Colonel Samaké, en dépit d’une décision de justice, Boubacar Diarra depuis Hambourg (Allemagne) en appelle à toutes les bonnes volontés pour un dénouement heureux de cette affaire. C’est à contre cœur, se confie-t-il à Maliweb.net, qu’il médiatise cette affaire contre un officier supérieur de l’armée malienne. «Tout  ce que j’ai fait pour qu’il me laisse mes parcelles a échoué», affirme-t-il. Et d’ajouter: «J’ai apporté tous les documents au Premier conseiller  de l’Ambassade du Mali en Allemagne, il est au courant de tout. J’ai aussi personnellement contacté le préfet du cercle de Kati, Sadio Keita. Ce dernier m’a conseillé d’approcher le ministre de tutelle de l’officier «avant qu’il ne me marche dessus».

Ancien Commandant de zone de Kati, le Colonel-Major Samaké serait un homme connu et reconnu dans le foncier. «J’ai économisé des années durant pour investir dans ces parcelles. Je ne peux pas comprendre que quelqu’un détruit tout ça et me dit de l’appeler où je veux», s’indigne l’expatrié, la voie nouée de sanglots, désarmé, loin de cette mère patrie pour laquelle il a consacré tant d’années et qui peine aujourd’hui à protéger ses maigres investissements.

Maliweb.net

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