Mali : Produits aphrodisiaques, arsenal de séduction féminine ou nids d’infections ?
Sur le marché malien, il y a toute une panoplie de produits que les femmes utilisent afin de séduire leurs compagnons et / ou se donner plus de jouissance sexuelle. Mais ces produits, dont la provenance est douteuse, constituent plutôt une source d’infections pour leurs consommatrices.
Ces produits, qui nous viennent de Côte d’Ivoire, du Nigeria, du Ghana, etc., ont une grande emprise sur les femmes maliennes qui cherchent à faire plaisir à leur homme par tous les moyens envisageables. «Gel mougou, glace mougou, namassani, 5 minutes, séréni, liptoni, etc. » sont entres autres les appellations de produits qui sont utilisés pour rétrécir le vagin, lubrifier le sexe ou produire plus de sensations et d’extase lors du coït.
Présentés sous forme de boules, de comprimés, de liquides, de bonbons au goût sucré, de gels, de bananes, de noix et autres ils sont contenus dans un panier. Djahara, une revendeuse de ces produits qu’elle appelle « Arme de femme », déclare qu’elle évolue dans ce business depuis plusieurs années. Satisfaite de son commerce, Djahara dit faire également dans la livraison à domicile, sur commande, pour celles qui ne peuvent pas effectuer le déplacement. S’agissant des dangers liés à l’utilisation et à la consommation de ces produits, la revendeuse avoue : « mes produits viennent de Côte d’Ivoire en grande partie, mais j’en achète aussi au grand marché de Bamako. Franchement, je ne connais pas leurs inconvénients d’utilisation, mais je reconnais que les femmes qui les utilisent en deviennent dépendantes au fil des années ».
Rentable comme commerce ? Oui, si l’on se réfère à Aicha, une Nigérienne. Elle sillonne plusieurs pays pour vendre ses produits et a même une clientèle à l’échelle internationale. Dans le cadre de ses ventes, Aïcha possède un compte WhatsApp via lequel elle expose et vend ses produits. Cette vendeuse d’arsenal de séduction sexuelle ne cesse de vanter l’efficacité de ses produits, dont elle ignore parfois les noms. « Les noms m’importent peu, c’est le résultat qui compte ! », s’enorgueillit Aïcha, en ajoutant que l’utilisation de tels produits empêche tout homme de se lasser du charme de sa partenaire. « Quand tu les utilises, ton homme ne peut prendre une seconde épouse », conclut-elle coquinement.
Si Djahara évite de mentionner les conséquences, Saran, quant à elle, victime d’une longue utilisation de ce genre de produits, ne se gêne pas pour les déconseiller. « Ce fut une expérience horrible pour moi, qui n’avait visiblement pas besoin d’avoir recours à ces produits. En effet, sur recommandation de mes copines, j’en ai acheté un dans le but de me rétrécir. Après utilisation, j’ai passé une semaine avec un vagin collé, sans aucun accès possible. J’étais complètement refermée et il a fallu l’intervention d’un gynécologue pour revenir à la norme. Je déconseille donc aux femmes de placer n’importe quoi dans leurs parties intimes au risque le regretter, comme ce fût mon cas ».
Est-ce un manque de confiance en soi de leur part ? Ou juste un problème psychologique ? Ou encore un problème sanitaire, voire une frigidité ? Le fait est qu’elles sont nombreuses ces femmes à utiliser ces produits. Pourtant, chacun représente un grand danger pour la santé intime de la femme, même s’il semble bien faire l’affaire de certaines. Selon le Dr Abdoul Guindo, gynécologue au centre de santé de référence (CSRF) de Sogoniko, non seulement la composition de ces produits reste méconnue, mais aussi leur date de péremption et leur conservation représentent un réel danger sanitaire. Qualifiés de produits toxiques et dangereux par le Dr Guindo, ils provoquent certaines infections chez la femme, allant jusqu’à détruire sa flore vaginale (les bactéries qui permettent de conserver l’humidité du vagin). Il est évident qu’une fois la flore vaginale détruite la femme devient une femme « sèche », donc impossible à lubrifier naturellement.
Qu’ils soient utilisés pour rétrécir, pour avoir plus de liquide vaginal, une bonne odeur intime ou autre chose, ces médicaments par terre peuvent facilement être remplacés par des produits naturels, notamment des plantes traditionnelles, très accessibles et efficaces et sans conséquences négatives sur la santé. Optons donc pour le naturel et pourquoi ne pas se convertir au vétiver, « Babi », aux feuilles de « Djéka », à la menthe, à la citronnelle, etc ?
Source : nordsudjournal