Protection des données à caractère personnel: Des vies de moins en moins privées dans un monde hyperconnecté
La confidentialité des données à caractère personnel est aujourd’hui menacée. Les informations de diverses importances, abandonnées par les internautes lors de leur navigation, sont collectées par les applications et les plateformes, mettant ainsi en péril la vie privée.
Avec la montée en puissance des Technologies de l’Information et de la Communication, toutes les activités humaines sont désormais étroitement liées à la collecte et au traitement des données à caractère personnel, c’est-à-dire des informations se rapportant à des personnes identifiées ou identifiables.
La numérisation croissante de notre quotidien transforme profondément nos modes de vie, mais elle comporte malheureusement son lot d’intrusions, d’escroqueries et d’atteintes de toutes sortes à nos biens, à notre vie privée, ainsi qu’aux droits humains et aux libertés fondamentales. C’est pourquoi notre pays a mis en place une législation (Loi n°2013-015 du 21 mai 2013 transposant l’Acte Additionnel A/SA. 1/01/10) relative à la protection des données à caractère personnel. Désormais, chaque traitement de données à caractère personnel doit respecter un certain nombre d’obligations sous peine de sanctions.
Les données personnelles sont constamment partagées par ceux qui les détiennent, constate le Dr Mahamadou Aly Haïdara, directeur des affaires juridiques, du contentieux et de la coopération de l’Autorité de Protection des Données à caractère Personnel (APDP-Mali). « Quelle que soit la nature de la structure, le partage des données est devenu monnaie courante aujourd’hui. Cela a des conséquences néfastes sur la vie privée des individus », constate-t-il.
Les risques d’atteintes aux données proviennent généralement de l’interne, c’est-à-dire des employés qui constituent « le maillon faible de la sécurité », analyse l’expert. Ces risques sont souvent accidentels, tels que la perte d’un support contenant des informations sensibles sur l’entreprise ou les salariés, ou l’envoi par erreur d’un courriel à un destinataire. « En plus de ces risques, il existe d’autres catégories externes, comme les attaques de cybercriminels, les logiciels malveillants, le phishing (escroquerie par messagerie internet, ndlr), etc. », énumère le Dr Haïdara.
Dans ce contexte, le directeur des affaires juridiques de l’APDP-Mali souligne le rôle de sa structure. La protection des données personnelles doit adopter une « approche proactive de la cybersécurité » afin de réduire les risques, notamment par la mise en place de mesures physiques et logiques, ainsi que par la formation du personnel en matière de sécurité.
L’article 8 de la loi sur la protection des données à caractère personnel impose au responsable du traitement de mettre en œuvre les mesures techniques et organisationnelles appropriées pour protéger les données contre la destruction illicite, la perte accidentelle, l’altération, la diffusion ou l’accès non autorisés.
L’Autorité de Protection des Données à caractère personnel est une Autorité Administrative Indépendante (AAI) chargée d’assurer la protection de ces données et de contribuer à la réglementation du secteur. À cet effet, elle est investie, entre autres, d’une mission d’information et de sensibilisation des personnes pour une utilisation responsable et éthique d’internet et de ses logiciels associés. « L’APDP dispose du pouvoir d’infliger des sanctions à toute personne ne respectant pas les exigences légales en matière de protection des données à caractère personnel », souligne le Dr Haïdara.
Ainsi, l’APDP sensibilise, contrôle, sanctionne et saisit sans délai le Procureur de la République compétent en cas d’infractions liées à la manipulation frauduleuse de données à caractère personnel.
Dans un monde où les données à caractère personnel peuvent être utilisées comme armes pour la vengeance, l’intimidation, les escroqueries et autres malversations, il est nécessaire d’avoir un gendarme actif et efficace pour garantir la tranquillité de tous.
Tidiane Bamadio