Dans des « salles de bains laboratoires », sur tous les continents, des équipes de L’Oréal scrutent et décortiquent les moindres faits et gestes d’hygiène et d’esthétique des femmes pour leur proposer les produits les plus adaptés.
Pourquoi la femme d’Afrique subsaharienne utilise-t-elle, dans ses routines de beauté capillaire, une pommade pour soulager le cuir chevelu, une lotion hydratante pour lutter contre la casse des cheveux, un shampoing démêlant, une crème défrisante et une huile – de coco, par exemple – pour favoriser la pousse des cheveux ? Combien de minutes une Chinoise consacre-t-elle à ses gestes de soin du matin ? Pourquoi la femme japonaise donne-t-elle parfois jusqu’à 100 petits coups de mascara sur ses cils alors que la Française peut se contenter de quelques-uns ?
Tout simplement parce que des cils fins, raides et courts ne se maquillent pas comme des cils denses, courbes et longs. Ou parce que le cheveu frisé ou crépu de la femme africaine présente, entre autres particularités, une sécheresse importante, liée à la faible production de sébum.
Répétés inlassablement, parfois depuis la nuit des temps même s’ils ont évolué au fil des ans, ces gestes de beauté, éminemment culturels, ont été transmis de génération en génération. Qu’ils soient influencés par le climat, la typologie physiologique ou encore par les conditions de vie locales, ils tendent tous vers un idéal de beauté, qui diffère d’un continent à l’autre, d’un pays à l’autre, voire d’une région ou localité à l’autre.
Pour connaître avec précision les gestes de soin et de beauté des habitants de cette planète, pour mieux comprendre les us et coutumes et, in fine, répondre au plus près aux besoins spécifiques des hommes et des femmes de tous les continents, L’Oréal développe depuis plusieurs années une science de l’observation locale : la géocosmétique. C’est ainsi que, dans des « salles de bains laboratoires », dotées de caméras, des équipes des principaux centres d’évaluation présents dans le monde entier observent, analysent et décortiquent les comportements spécifiques des consommateurs et consommatrices. Rituels d’hygiène et de beauté, conditions d’utilisation des produits, contraintes locales (humidité, chaleur, basses températures…), tout est scruté, analysé par des sociologues et des éthologues, puis transmis aux équipes de recherche et développement.
Regroupés en six pôles (Europe, États-Unis, Japon, Chine, Inde et Brésil), les 22 centres de recherche ont pour mission d’adapter la stratégie mondiale aux spécificités de leur marché. Et pour vocation d’inventer de nouveaux produits qui répondront aux envies de beauté et aux besoins particuliers des populations finement observées.
Pour le marché japonais, ce sera par exemple un mascara à la texture légère parce que certaines Japonaises passeront jusqu’à 100 fois sur leurs cils. À destination des pays chauds, on développera des fonds de teint peu couvrants et longue tenue ou des formules absorbantes de sébum et de sueur pour les peaux luisantes.
À la découverte des secrets de beauté de toutes ces femmes, l’invitation au voyage, que nous offre L’Oréal, commencera en Afrique subsaharienne et se poursuivra en Inde, au Brésil et en Chine dans les prochains numéros de « Momento » (prochain rendez-vous le 5 septembre).
Première étape, l’Afrique subsaharienne, là où le choix du style de coiffure est révélateur de tout un système de code social, qu’il s’agisse de garder ses cheveux au naturel ou, au contraire, d’opter pour du plus sophistiqué (nattes, tissage ou extensions). Là aussi où le soin du cheveu s’avère bien plus important que celui accordé au reste du corps.
Trois critères de coiffure
Les femmes choisissent leurs coiffures en fonction des événements importants (mariage, nouvel emploi), des tendances, de leurs moyens financiers et enfin des saisons. La coiffure est la combinaison de trois critères : le look final que l’on voit (cheveux lisses, tressés, nattés ou port de cheveux au naturel : afro, locks, cheveux courts, etc.), l’utilisation de défrisant et l’ajout de cheveux (extensions ou tissages, qui offrent une grande variété de choix de coiffure : longs, courts, frange, mèche, coloration, etc).
L’hydratation est au coeur des rituels
Dès le plus jeune âge, les Africaines s’hydratent le visage, le corps et les cheveux par nécessité physique. L’objectif est de conserver la jeunesse de la peau, d’embellir le corps, mais aussi de lutter contre les taches et les cicatrices. La peau idéale est donc une peau ferme et hydratée. Le choix d’utilisation de produits différents se fait par saisonnalité : une crème plus légère en saison chaude et une crème plus épaisse et nourrissante en saison des pluies, saison « fraîche ». Les femmes utilisent peu de produits de beauté en journée et concentrent leurs rituels de beauté au coucher. Les causes de ce choix sont multiples : transpiration due à la chaleur, poussière, soleil, pollution. Tous ces éléments ont tendance à boucher les pores de la peau et donc à réduire les effets des produits utilisés.
Le jour et la nuit, des soins appropriés
Le jour, les consommatrices vont opter pour une simple lotion purifiante. Certaines femmes utilisent une crème de jour pour se protéger de l’exposition aux rayons solaires. Paradoxalement, les femmes se maquillent également mais dans une volonté d’embellissement plus que de soin. Poudres, crayons de beauté, gloss sont les bases de la mise en beauté. Les bons produits sont ceux de bonne tenue qui ne coulent pas. La nuit, sur le visage, est appliquée une crème de nuit plus nourrissante et plus adoucissante que la crème de jour. Pour le corps, les Africaines alternent les produits : lait surgras (peau sèche et sensible), crème (contenant par exemple 4 huiles différentes bio), huile corporelle.
Les soins capillaires à domicile et en salon
En Afrique subsaharienne, les soins capillaires se font à domicile et en salon. En effet, les salons de coiffure sont fréquentés de manière hebdomadaire à mensuelle, en fonction des revenus mais aussi du type de coiffure : nattes, tissages, extensions ou cheveux au naturel. Il y a plusieurs types de salons, de ceux en extérieur autour des marchés ou dans les quartiers populaires à ceux luxueux avec climatisation dans les grands « shopping malls ». Entre ces salons, la grille tarifaire est très variable, du simple au décuple. Les salons proposent des produits d’une grande variété de marques.
Un cheveu très sec
La forme frisée du cheveu est biologiquement programmée par le follicule pileux, qui présente de nombreuses spécificités, dont une implantation oblique dans le derme et une courbure au niveau du bulbe. Une autre spécificité importante du cheveu crépu est sa sécheresse liée à la faible production de sébum. Au-delà des spécificités biologiques, certaines pratiques de coiffure fragilisent également le cheveu – le tressage (trop serré, il fragilise le cheveu et le cuir chevelu), le défrisage (lorsqu’il est réalisé avec des produits de mauvaise qualité ou mal rincé) ainsi que le fer à lisser peuvent provoquer de multiples pathologies.